Souvenez-vous de votre enfance, rappelez-vous de ces histoires que tantôt papa tantôt maman vous racontaient au bord du lit. Alors que Morphée s’emparait de votre pauvre âme et que seule cette voix qui vous rassurait vous guidait vers un autre monde. Remémorez-vous votre pays imaginaire celui où vous combattez la méchante sorcière aux côté de Blanche Neige et les sept nains, celui où vous vous envoliez aussi léger qu’une plume aux côté de Wendy et Peter Pan. Quand un garçon rêvait de devenir un preux chevalier défiant armées ennemies et autres dragons, une fille s’éprenait à rêver de devenir une princesse magnifique à la cour d’un royaume qui lui serait un jour destiné. Mais d’où sortent toutes ces histoires ?

Considérez à présent un monde où la fiction vit. L’imaginaerium. Une dimension proche de la notre où chaque histoire vit grâce aux rêves d’un bambin, à la joie et à l’imaginaire développé grâce à tous ces contes de fées. Par delà notre esprit s’étendent des contrées aux arbres rayés et multicolores, où d’un coup de baguette magique un être insignifiant donne pourtant un tout autre destin à une pauvre enfant esseulée. Chaque fois qu’une personne imagine, dessine, invente, ce monde rayonne de mille feux, les fins heureuses se multiplient à mesure que les forces du mal s’amenuisent.

Malheureusement aujourd’hui, ce monde change, une nouvelle génération voit le jour. Une génération aux images formatées, bien ancrées laissant peu de place aux rêves et à l’imaginaire. Les bambins de nos jours veulent être connectés, ils aspirent à se brancher, à se poser devant leurs écrans et leur télévision et à s’immerger dans un monde borné par la technologie. Les zéros et les uns ont remplacé les blocs de papier et les crayons de couleurs. Finies les histoires racontées au pied du lit, aujourd’hui on joue à être des soldats aux armes automatiques, on s’entretue virtuellement dans des parties multijoueurs et sur des cartes qui n’ont plus aucun secret pour le joueur. Bye Bye le fier destrier. Bonjour le fusil meurtrier.

Comme vous l’aurez sans doute pressenti, ce cloisonnement de l’esprit n’a pas que pour conséquences de réduire l’imaginaire des enfants, aujourd’hui le merveilleux monde des contes et de l’imaginaire est ravagé par un terrible mal. La folie meurtrière assénée à coup de gâchette sur une manette de plastique s’est emparée de ce monde enchanté comme un poison. Blanche Neige est une empoisonneuse redoutée, Ariel la sirène se plaît à conduire les navires à leur perte, croquant les hommes qui se laissent facilement berner par son chant. Les armées des rois se battent contre des soldats de métal où leurs pauvres épées font de bien maigres dégâts. Quand ils n’ont pas sombré totalement dans la folie, certains personnages de contes se réfugient dans notre monde, prenant forme humaine et se fondant dans la masse. Ainsi, Simba vit à Paris avec sa petite famille, la reine des Neiges dirige une agence dans l’Upper East Side.

Alors face à cette déchéance, certains dans l’Imaginaerium se soulèvent. Une mystérieuse conteuse approche du monde réel et s’empare d’un homme ou d’une femme, seul recours dans ce chaos pour venir en aide à ce monde. Oh ne croyez pas que ce soit la première fois qu’elle y a recours. Dans l’histoire, l’Imaginaerium a déjà eu recours aux humains du monde réel. Est-ce que les noms Andersen et Disney vous seraient-ils familiers ?